9000 plaintes de violences basées sur le genre (VBG). Les centres d’écoute et de conseils juridique répartis dans tout Madagascar enregistrent ce nombre pour cette année. Pour sa part, la Brigade féminine de proximité (BFP) auprès de la Police nationale note également une hausse du nombre de cas de VBG dénoncés. « L’on enregistre environ 350 cas de violences économiques, 250 cas de violences physiques, 270 cas de violences psychologiques et verbales ainsi que 30 cas de violences sexuelles entre le mois de janvier et novembre de cette année. Ces chiffres ont augmenté par rapport à ceux de 2021. Une hausse qui pourrait s’expliquer par les impacts de nos activités de sensibilisation et d’appel à la dénonciation auprès des communautés. Les victimes commencent à briser le silence », rapporte l’officier de Police Nirina Christine Razafiarisoa, commandant de la BFP à Antananarivo. Les personnes dépendantes d’autrui, notamment les femmes, constituent les premières victimes de violences. Mais des hommes en souffrent également.
Bon nombre de victimes de VBG ont encore du mal à dénoncer leurs maux, malgré la hausse des cas enregistrés. Face à cette situation, la Police nationale compte renforcer les activités de prévention et de vulgarisation des procédures pour les dénonciations. « Nous ne sommes pas là pour briser un couple, détruire le « fihavanana » ou autres. Nous sommes là pour lutter contre toute forme de violence. Quand il s’agit d’un crime, nous encourageons et accompagnons les victimes à porter plainte et porter l’affaire devant la Justice », informe le commissaire Ny Aina Randriambelo, directeur de cabinet du ministère de la Sécurité publique.
Renforcement des sanctions
Après l’adoption de la loi sur la lutte contre les VBG, le ministère de la Justice applique actuellement la politique pénale y afférente, à en croire Raby Savatsarah, secrétaire générale. La chaîne pénale anti-VBG est opérationnelle depuis le tribunal de première instance jusqu’à la Cour suprême, notamment pour s’assurer du renforcement des sanctions. « Après les plaintes et enquêtes menées, la détention des auteurs est obligatoire si les preuves sont tangibles. Si les suspects sont relâchés, nous faisons une opposition », ajoute cette responsable. Pour sa part, le ministre de la Santé publique en la personne du Pr Zely Andriamanantany exprime son engagement à soutenir la lutte contre les violences. Pour preuve, les 40 000 agents communautaires répartis dans tout Madagascar vont renforcer les sensibilisations, en renfort aux éléments de la BFP et des autres acteurs.
Dans le cadre de la campagne des 16 jours d’activisme contre les VBG, l’association Fitia présidée par la Première dame Mialy Rajoelina en partenariat avec les acteurs issus des institutions publiques et du secteur privé a organisé, hier à l’Arena Ivandry, une grande campagne de sensibilisation. « Les cas de violences au sein de la communauté sont encore fréquents alors que bon nombre d’habitants ne savent que faire, où aller ? Raison pour laquelle les acteurs se sont regroupés pour cet évènement », avance Gentiane Randrianisa, directeur du centre de prise en charge intégré des victimes de VBG à Mahamasina. Sous le thème « luttons ensemble contre les VBG », c’était une occasion de renforcer les sensibilisations, d’écouter les témoignages des victimes ou encore de présenter les procédures de signalement et de dénonciation. Plusieurs associations féminines, dont celles des épouses de militaires, gendarmes, policiers et agents pénitentiaires ou encore les femmes dans les Forces de l’ordre, y étaient au rendez-vous. Les scouts et étudiants d’universités étaient aussi présents.
Recueillis par Patricia Ramavonirina